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Le plaisir de vapoter bientôt défendu ?

Le plaisir de vapoter bientôt défendu ?

Si la cigarette électronique gêne tant les autorités qui voudraient la contrôler, c’est peut-être parce qu’elle représente un plaisir qui n’a pas encore trouvé sa sanction.

C’est une longue tradition en occident : toute jouissance doit être taxée, encadrée, en insistant toujours sur un revers de la médaille. Mais cette régulation des plaisirs et des addictions se justifie d’ordinaire sur un constat objectif de leurs répercussions en termes de santé publique.

C’est là que la cigarette électronique pose problème au paternalisme étatique : n’ayant pas encore vérifié de répercussions sur la santé sur lesquelles s’appuyer, on invoque le geste et la tentation, on se place dans le champ de la morale.

Cet acharnement ne s’appuie-t-il pas, à des fins fallacieuses, sur un vieux présupposé métaphysique qui voit le mal derrière le plaisir ?

Les instances gouvernementales dans une posture moraliste

Dans son avis rendu le 22 février 2016, le Haut Conseil de la santé publique préconise d’étendre l’interdiction de l’utilisation de la cigarette électronique à " tous les lieux affectés à un usage collectif " .

Faute de pouvoir avancer la preuve d’un quelconque risque sanitaire, il se justifie par une posture purement morale, en vertu d’une tentation que l’objet exercerait sur les fumeurs.

On y lit ainsi que " [...] il apparaîtrait que le marketing de l’industrie de la cigarette électronique induise un désir de tabac chez le fumeur et un regret chez l’abstinent " et que " [...] le premier argument marketing est le nombre de consommateurs visibles ".

Du terrain de la santé publique, le problème glisse finalement vers celui de l’éthique : doit-on laisser les " vapoteurs " s’adonner librement à leur addiction à la vue de tous et risquer de causer du " désir " et du " regret " aux autres ?

Ce n’est pas une substance qui est incriminée, mais un geste. Vapoter en public, ce serait indécent, ce serait inciter à fumer. Ce serait, en somme, donner le mauvais exemple...

Le scandale de la fumée sans feu

Un geste subversif ? Oui, le " vapotage " a quelque chose de scandaleux pour les moralistes et les paternalistes de tous bords. Pour la première fois, nous sommes en présence d’une addiction qui n’a pas – encore – de rançon sanitaire.

Il semble pourtant que toutes les délectations réservent quelque punition divine : le cancer nous guette si l’on fume, la cirrhose si l’on boit, le cholestérol si l’on mange. Mais dans le cas de la cigarette électronique, la justice immanente qu’on aime tant rappeler aux jouisseurs ne s’applique pas encore.

Ici, les arguments qui sont légitimes lorsqu’il s’agit de la régulation des jeux d’argent ou des débits d’alcool ne tiennent pas.

Sur quoi se fonder alors, pour réclamer les interdictions, les taxes auxquelles les tenants de l’ordre sanitaire et moral sont incapables de renoncer, si ce n’est sur une normalisation arbitraire ?

La vapeur, qui devrait bénéficier de la présomption d’innocence, est bannie pour la simple raison qu’elle rappelle la fumée. Ce qui est visé, ce n’est plus le danger en tant que tel, mais le désir qui lui est associé.

Accepter l’idée d’un usage récréatif

Dans les arguments qui accompagnent le refus de la cigarette électronique, ne retrouve-t-on pas finalement la vieille suspicion de l’occident à l’égard du plaisir ?

On le voit par exemple dans la médicalisation qu’on cherche à imposer à ses usagers : l’avis du Haut Conseil place ainsi " l’industrie pharmaceutique " au premier rang des " parties prenantes concernées " et invite à la création d’une cigarette électronique " médicalisée ".

Vouloir à tout prix catégoriser la cigarette électronique comme médicament, comme palliatif, c’est nier la légitimité du plaisir. C’est la même hypocrisie lorsque l’on veut bien légaliser le cannabis, mais seulement " à usage médical " alors même qu’on sait d’avance que l’usage réel restera essentiellement récréatif : cachez ce plaisir que je ne saurais voir !

C’est un médicament, pas un jouet, veut-on nous dire. Ce n’est pas pour s’amuser. Mais on nie alors l’usage plutôt hédoniste qui correspond à la réalité du plus grand nombre.

N’oublions pas qu’il y a, derrière le refus d’un marché autorégulé de la e-cigarette, des intérêts économiques à l’œuvre. Aussi bien l’État que l’industrie du tabac, mais aussi l’industrie pharmaceutique, ont un manque à gagner en la laissant échapper à leurs contrôles. Ce sont donc les justifications mais pas toujours les vraies motivations qui relèvent d’une morale déplacée...


Source : Contrepoints

voopoo

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