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Marisol Touraine ne veut pas de la cigarette électronique et voici pourquoi

Marisol Touraine ne veut pas de la cigarette électronique et voici pourquoi

Je vous propose de découvrir un excellent article écrit par Jean Yves Nau sur la cigarette électronique et pourquoi notre ministre de la santé n'en veut pas !

On approche des buts. D’abord avec le vote par les députés d’un fragment d’un texte de loi qui programmera l’arrivée du " paquet neutre " de cigarette (rien n’est prévu pour les boîtes de cigares). Ensuite avec le vote, par les mêmes députés, d’un fragment de texte qui interdira la publicité pour la cigarette électronique et qui conduira les vapoteurs à disparaître des espaces interdits au tabac. Dans les deux cas une politique de l’effacement.

Mauvais élève

En trois jours Le Monde aura ouvert deux fois ses colonnes à la promotion du " paquet neutre ". Après Karine Gallopel-Morvan (Ecole des hautes études en santé publique) c’est aujourd’hui François Bourdillon qui vient soutenir plaide la politique anti-tabac et anti-cigarette électronique que défend Marisol Touraine devant les députés. M. Bourdillon est le directeur général de l’InVS et de l’Inpes. A ce titre il est en charge de deux missions majeures de santé publique : la veille sanitaire et l’éducation à la santé. C’est dire si le fléau du tabagisme le concerne. Un fléau contre lequel, il le reconnaît, le France semble radicalement désarmée.

" De nombreux pays qui ont réussi à réduire la prévalence de consommation de tabac et à passer sous le seuil des 25 % (Australie, Grande-Bretagne, Canada, Brésil, etc.), écrit-il. La France est un mauvais élève en la matière. Après une hausse de 2 points entre 2005 et 2010, le dernier ‘’Baromètre santé’’ de l’Inpes recense 34 % de fumeurs en 2014... " Mauvais élève, l’image est douce quand il s’agit, au moment de la remise annuelle des diplômes, de 73 000 morts prématurées et du cortège des souffrances qui les accompagnent. Douce image quand on sait la part de responsabilités coupables de l’élève dans les mauvais points qu’il s’obstine à récolter, année après année. Un élève qui ferme les yeux devant la chance qui s’offre à lui de tenter de progresser.

Clef de voûte

Pour l’heure François Bourdillon reprend, une nouvelle fois, les arguments connus. Le paquet neutre comme clef de voûte du Programme national de réduction du tabagisme (PNRT) voulu par le Président de la République il y a un an et annoncé par Marisol Touraine en septembre dernier :

1. Adopter les paquets de cigarettes neutres pour les rendre moins attractifs.

2. Interdire de fumer en voiture en présence d’enfants de moins de 12 ans.

3. Rendre non fumeurs les espaces publics de jeux pour enfants.

4. Encadrer la publicité pour les cigarettes électroniques et interdire le vapotage dans certains lieux publics.

Objectifs : baisse de 10% du nombre des fumeurs en 2020 ; être " sous la barre des 20% de fumeurs en 2025 " ; obtenir qu’avant 2035 tous les enfants qui naissent aujourd’hui ne consomment pas de tabac.

Michel Rocard et Jacques Chirac

Des objectifs d’autant plus ambitieux que ce programme fait une croix sur le palliatif électronique qui constitue un levier sans précédent dans l’histoire politique de la lutte contre le tabac engagée il y a un quart de siècle par le gouvernement Rocard (loi Evin) et poursuivie un temps par le président Chirac (augmentation suivie des prix).

Pourquoi cette allergie politique à l’apport que pourrait constituer la cigarette électronique ? Le directeur général de l’InVS et de l’Inpes répond enfin à cette question. Et sa réponse n’est en rien rassurante. Lisons-le :

" La publicité en faveur du tabac subsiste en France, de manière insidieuse, portée par au moins quatre vecteurs : au cinéma (il est fréquent de voir apparaître à l’écran des marques de cigarettes), chez les buralistes (où, comme l’a montré une excellente étude du Comité national de lutte contre le tabagisme, des publicités illicites sont exposées), sur Internet (Facebook, YouTube, etc.) et enfin à travers le paquet de cigarettes, le " vendeur muet ", écrit François Bourdillon. Le design de la marque sur les paquets reste un vecteur et marqueur publicitaire important pour les jeunes, les femmes, les fumeurs ; chaque marque ayant sa cible. Quand on sait qu’un fumeur d’un paquet par jour expose à son entourage 20 fois la marque par jour, soit 7300 fois par an – et comme 13 millions de personnes fument, cela fait quand même beaucoup d’occurrences en faveur du produit... "

Fumée et vapeur d’eau

Il ajoute que l’image du tabac est loin d’être " dénormalisée " dans notre pays : les terrasses des cafés sont devenues des lieux quasi exclusivement fumeurs, certaines lois sont peu respectées (interdiction de vente de cigarettes aux mineurs, publicités illicites sur les lieux de vente, etc.), un tiers de la population fume (…)

Et il poursuit en écrivant que " l’essor de la cigarette électronique a clairement permis une certaine forme de revalorisation de la tabagie à travers la promotion du vapotage. " C’est là entretenir la confusion entre les fumées et la vapeur d’eau.

" Ce n’est pas pour rien que la ministre de la Santé souhaite encadrer cette publicité et interdire le vapotage dans les écoles, les transports collectifs, les espaces clos de travail, car il ne faut pas que la cigarette électronique devienne le nouveau vecteur d’une publicité en faveur des produits du tabac. "

Ce n’est pas pour rien...

Voilà donc, enfin, l’explication officielle de la non-promotion (euphémisme) de la cigarette électronique dans la politique nationale de lutte contre le tabagisme, » première cause de morts évitables ». Ce n’est pas pour rien que Marisol Touraine souhaite encadrer la publicité pour la cigarette électronique.Ce n’est pas pour rien qu’elle souhaite interdire le vapotage dans les écoles, les transports collectifs, les espaces clos de travail. Toutes ces initiatives sont fondées sur le postulat que la cigarette électronique pourrait devenir le nouveau vecteur d’une publicité en faveur des produits du tabac.

C’est bel est bien un postulat puisque ni l’InVS ni l’Inpes n’ont mené d’études scientifiques démontrant que cet outil de sevrage du tabac est une incitation à la consommation de ce dernier. La vue d’alcooliques consommant des bières sans alcool incite-t-elle à la quête sans fin des ivresses alcoolisées ? Le spectacle du sevrage pousse-t-il à l’addiction ? Qui peut parler d’un lien de causalité entre la vue des vapoteurs et l’entrée dans l’esclavage qu’est l’addiction au tabac ? Pourquoi ne pas nourrir l’action publique de réduction du tabagisme de l’apport que constitue, précisément, ceux qui –à leurs frais- cherchent à se libérer ?

Rupture historique

Sur le fond la situation met en lumière une problématique majeure, à la fois politique et de santé publique. En condamnant l’apport que pourrait être la e-cigarette dans la lutte contre la dépendance au tabac l’exécutif marque une rupture historique dans la politique de réduction des risques – une politique inaugurée en 1987 avec la vente libre des seringues aux toxicomanes.

Il s’agissait alors de lutter contre la progression du VIH et la mesure avait pu être décidée par Michèle Barzach, alors ministre déléguée à la santé et à la famille. Une politique que l’on retrouve de manière paradoxale, dans l’actuel projet de loi santé défendu par Marisol Touraine, sous la forme des salles de shoot. Ces " salles de consommation à moindres risques " qui sont les descendantes des échanges d’aiguilles d’autrefois.


Source : Jean Yves Nau

 

voopoo

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